Pouvoir d'achat : Fillon enterre le chèque transport de son prédécesseur
Jeudi 29 novembre 2007
Hier, à l'Assemblée, le Premier ministre a estimé que le chèque transport, promis en 2005 par Dominique de Villepin et réclamé par le PS, n'était pas une réponse efficace pour soutenir le pouvoir d'achat. Il mise sur la « croissance » et le « travail ».
Le chèque transport n'est pas une bonne réponse au problème de pouvoir d'achat des Français » : en quelques mots prononcés hier lors des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, le Premier ministre, François Fillon, a définitivement enterré un dossier vieux de plus de deux ans. Promis par Dominique de Villepin à la rentrée 2005, le chèque transport, calqué sur le modèle du titre restaurant, devait permettre aux salariés de voir une partie de leurs frais de déplacement prise en charge par leur employeur. L'objectif, déjà, était de soutenir le pouvoir d'achat, entamé par la hausse des prix du carburant.
Tandis que le Parti socialiste a réclamé hier son entrée en vigueur immédiate, le Premier ministre a balayé l'idée d'un revers de main en arguant que le chèque transport « ne fonctionne pas ». C'est le moins que l'on puisse dire. Créé légalement fin 2006 dans le cadre de la loi sur la participation, le chèque transport n'a jamais été émis, les négociations entre les régies de transports, les distributeurs d'essence et les émetteurs de ce titre de paiement (Domiserve, Chèque Déjeuner, etc.) patinant depuis le début de l'année.
« Le chèque transport est trop compliqué à mettre en place. Dans sa forme actuelle, il n'a pas de modèle économique viable », estime Philippe Rambaud, PDG de Domiserve. Dénonçant, elles aussi, une « usine à gaz », les entreprises n'étaient, en outre, pas nombreuses à vouloir en distribuer à leurs salariés. Dans ces conditions, le gouvernement Fillon n'a jamais cherché à donner corps à une promesse de son prédécesseur, et l'annonce du Premier ministre vient confirmer que le dossier était déjà passé depuis longtemps d'un tiroir à une poubelle.
Les réponses aux attentes sur le pouvoir d'achat, François Fillon entend plutôt les trouver dans la relance de l'activité : « Nous travaillons à augmenter la croissance et le travail des Français, et alors le pouvoir d'achat suivra. » En réponse aux propositions socialistes présentées hier, il a rétorqué que le gouvernement s'était « déjà engagé » à conditionner les allégements de charges à l'ouverture de négociations salariales dans les entreprises.
Le chef du gouvernement s'est, par ailleurs, montré sceptique sur l'idée d'encadrer les loyers en faisant remarquer que, par le passé, cette mesure avait abouti à une baisse des constructions de logements.
Alors que Nicolas Sarkozy devrait s'exprimer demain sur le pouvoir d'achat (lire page 2), Jean-François Copé, chef de file des députés de la majorité, a indiqué que, afin de « s'inscrire dans les pas du président », le groupe UMP consacrera sa « niche parlementaire » (séance à l'initiative d'un groupe), le 11 décembre, à l'amélioration du niveau de vie des Français. Une proposition de loi pourrait en découler, a-t-il précisé. Dans cette perspective, le groupe a chargé deux des siens, Frédéric Lefebvre et Jérôme Chartier, d'une mission sur ce thème.
