Municipales : les ministres candidats s'affranchissent de la règle du non-cumul

Publié le par Le.vent.qui.souffle.sur.Chelles

http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-823448,36-985622@51-984688,0.html

La vingtaine de ministres du gouvernement candidats aux élections municipales de mars 2008 vont partir à la bataille à moitié rassurés. Menacés par la règle du non-cumul évoquée dans une lettre du président de la République au premier ministre, le 12 novembre, ils ont reçu des "garanties" précaires. "En matière de règle de cumul, rien n'est sur le point d'être décidé rapidement. Les candidats iront aux municipales, on verra après", résume Claude Guéant, le secrétaire général de l'Elysée, interrogé mardi 4 décembre par Le Monde.

L'inquiétude des ministres est née de la lettre de Nicolas Sarkozy sur la réforme des institutions, à la suite des recommandations du comité Balladur. Le président y indiquait qu'il était "favorable à la proposition du comité consistant à interdire le cumul d'une fonction ministérielle avec tout mandat électif, à tout le moins avec tout mandat exécutif (maire, président d'une collectivité territoriale)".

 

"A TOUS LES COUPS, ON PERD ?"

 

Nathalie Kosciusko-Morizet, secrétaire d'Etat chargée de l'écologie, candidate à Longjumeau, est l'une des premières à avoir voulu lever l'ambiguïté. Elle a posé directement la question à François Fillon : "Est-ce que je devrai choisir entre ma fonction de maire et celle de ministre ? Si oui, je n'y vais pas." Le premier ministre l'a immédiatement rassurée : "tu pourras cumuler les deux", mettant notamment en avant la taille modeste - 20 000 habitants - de la ville visée. D'autres candidats ont cherché à obtenir des précisions de l'Elysée, comme Laurent Wauquiez, porte-parole du gouvernement, à qui Claude Guéant a promis que les ministres partant à la conquête d'un fief de gauche, comme lui au Puy-en-Velay ou Luc Chatel à Chaumont, et ceux qui mènent un combat difficile ne seraient pas inquiétés.

D'autres ministres ont fait connaître leur agacement directement au président : "A tous les coups on perd ? Si on perd aux municipales, on risque d'être sacrifié comme ministre, au nom de la jurisprudence Juppé, après une défaite devant les électeurs ; si on est élu maire, on doit abandonner son poste de ministre au nom du non-cumul érigé comme nouvelle règle par le président !", a expliqué l'un d'eux.

Même si l'ambiguïté n'est pas complètement levée, près des deux tiers des ministres du gouvernement Fillon iront mener la bataille des municipales. Car certains vont y chercher l'onction du suffrage universel : Rachida Dati à Paris (7e), Rama Yade à Colombes (Hauts-de Seine) et Christine Lagarde à Paris (12e) n'ont jamais été élues. Des transfuges de gauche ou de l'UDF, comme Jean-Marie Bockel à Mulhouse, Eric Besson à Donzère ou Hervé Morin à Epaigne, veulent faire valider par leurs électeurs leur changement de camp.

Pour d'autres, il s'agit de s'ancrer davantage sur un fief local, et d'acquérir un poids politique plus important : Christian Estrosi, député et président du conseil général des Alpes-Maritimes, a décidé de détrôner, plus tôt que prévu, à Nice, l'UMP Jacques Peyrat.

Le secrétaire d'Etat chargé de l'outre-mer est, au sein du gouvernement, celui qui brigue la ville la plus importante. Il aurait obtenu des garanties sur son avenir : les futures règles de non-cumul ne s'appliqueront qu'aux ministres, et non pas aux secrétaires d'Etat. Malgré cette nouvelle règle, confirmée par plusieurs sources, Roger Karoutchi, le secrétaire d'Etat chargé des relations avec le Parlement, a préféré renoncer : il n'a pas envie de mener la prochaine campagne des régionales en Ile-de-France, après une possible défaite à Nanterre.

Dans le camp des ministres de plein exercice, même si les nouvelles règles ne s'appliquaient pas de manière rétroactive, certains ont préféré jeter l'éponge : Brice Hortefeux ne mènera pas le combat de Clermont-Ferrand, Xavier Darcos s'interroge encore sur Périgueux et Jean-Louis Borloo n'est pas sûr d'être tête de liste à Valenciennes. Finalement, seul le ministre du budget, Eric Woerth, ne se pose pas de question sur la mairie de Chantilly (Oise), où il devrait faire officiellement acte de candidature, samedi 8 décembre : "J'ai envie d'être candidat et, sur les règles du cumul, on ne m'a rien dit. Donc on verra bien, et s'il le faut je m'adapterai aux nouvelles règles !"

Christophe Jakubyszyn
Article paru dans l'édition du 05.12.07.

Publié dans DIVERS

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article