M. Bayrou veut faire du Mouvement démocrate le "pôle central" de l'opposition à M. Sarkozy
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n présence d'environ 5 000 adhérents, François Bayrou, seul candidat, a été élu, dimanche 2 décembre à Villepinte, président du Mouvement démocrate (MoDem). Concluant ce congrès fondateur, l'ancien candidat à l'élection présidentielle a affiché son ambition : "Proposer une alternative au projet de société qui est en train de se mettre en place."
"Nous sommes un mouvement de résistance", a-t-il lancé à ses partisans, n'hésitant pas, à plusieurs reprises, à faire référence au général de Gaulle. Fustigeant la "dictature de la majorité" et la "confiscation des pouvoirs", il s'est de nouveau élevé contre "une entreprise de contrôle des médias par les amis du pouvoir" et a dénoncé "la conjonction des méchancetés, des rancoeurs, ou même parfois des haines, conjuguées contre nous".
Estimant qu'il fallait "oublier les étiquettes du passé", M. Bayrou a jugé que "ce n'est plus entre la droite et la gauche que se situe désormais la nouvelle frontière", mais entre l'"alignement" et la "résistance" face à "ceux qui dominent le monde". Persuadé que "des pans entiers de la société n'ont pas encore bougé et vont le faire", M. Bayrou a appelé les adhérents de son parti à être "ouverts". "Je n'ai aucun doute sur le fait que les Français déçus, les Français qui rencontreront la désillusion vont se retrouver dans la maison commune que nous avons décidé de bâtir", a-t-il assuré.
"DEUX POIDS, DEUX MESURES"
Le président du MoDem s'est notamment adressé aux gaullistes et aux socialistes. "Le gaullisme était un projet de résistance et on propose aux Français un projet d'alignement, a-t-il plaidé en direction des premiers. Il n'est pas possible que, dans les rangs des gaullistes, il n'y en ait pas qui disent qu'ils ne s'y reconnaissent pas." Aux seconds, il a lancé un appel à "construire ensemble un projet alternatif", se disant persuadé que, "dans les rangs du Parti socialiste, beaucoup constatent que l'enfermement, la fascination du PS en direction de la gauche radicale, tout cela rend inaudible le message que ce grand parti avait porté pendant des années".
Face à ce qu'il appelle "un projet d'inégalités croissantes (conduisant) la France à une société très inégalitaire et matérialiste", M. Bayrou s'est prononcé pour "une société de justice, une société de développement humain, une société de valeurs qui ne récuse rien de l'efficacité économique". "Je n'aime pas le deux poids, deux mesures dans lequel est enfermée l'inspiration gouvernementale, a-t-il expliqué. Je n'ai pas aimé que, le même jour, on supprime l'"impôt de Bourse", 280 millions rendus au monde financier, et on décide que 780 000 foyers de personnes âgées et modestes devront acquitter la redevance télévisuelle. 280 millions d'euros d'un côté, 80 millions de l'autre ! Il y a là quelque chose qui ne me paraît pas juste, et c'est pour cela que les réformes seront rejetées au lieu d'être acceptées."
Convaincu que l'"état de grâce" dont bénéficie M. Sarkozy ne durera pas et que le PS n'est pas en mesure d'incarner une alternative crédible, M. Bayrou entend, avec le MoDem, devenir le "pôle central" de l'opposition, en dépit des faibles effectifs qui le représentent au Parlement. Il veut ainsi concrétiser sa rupture avec la tradition centriste d'alliance avec la droite. "Nous avons créé le seul parti nouveau de la vie politique française, pas la roue de secours d'un parti puissant auprès duquel on va quémander des prébendes", a affirmé le président du MoDem.
Il lui faut désormais administrer la preuve de sa capacité à faire vivre dans une même formation des militants venant d'horizons très divers et à répondre à l'exigence de démocratie et de transparence qui s'est manifestée lors de ce congrès fondateur. Ce qui ne sera pas une mince affaire.