F. BAYROU SUR RTL CE MERCREDI 12/3
François Bayrou était l'invité de RTL, ce mercredi 12 mars. Interrogé par Jean-Michel Apathie sur les propositions d'alliance nationale de l'UMP, le président du Mouvement Démocrate a déclaré : "Je n'ai pas refusé la main tendue. Ce que voulait l'UMP, c'est un accord global sur toutes les villes de France, ce qui aurait fait du MoDem de nouveau l'allié exclusif de l'UMP", ajoutant que "ceci n'aurait pas été dans la cohérence qui est la nôtre parce que cela aurait voulu dire que nous revenons dans le camp contre le camp" et "pour moi notamment dans la vie locale, ce camp contre camp est une anomalie, une malédiction". ` "Dans une commune, on devrait pouvoir associer les grands courants pour les faire travailler ensemble" a répété François Bayrou, confirmant la philosophie du Mouvement Démocrate lors de ces élections municipales. "La nouveauté, c'est l'idée que nous pouvons travailler avec des républicains qu'ils soient au PS ou à l'UMP comme chacun d'entre nous le fait dans sa vie quotidienne" a-t-il insisté. Questionné sur le cas d'Aubagne, le président du Modem a affirmé : "Nous considérons qu'il faut avoir un minimum de patrimoine, de repères communs, le parti communiste pour l'instant n'entre pas dans ce patrimoine". "Je ne donnerai pas mon investiture à Aubagne" a-t-il ainsi déclaré, "c'est la seule alliance que je n'accepte pas".
Jean-Michel Aphatie : Tout est en place pour le deuxième tour des élections municipales. Le MoDem que vous présidez est tantôt allié avec la Droite, tantôt allié avec la Gauche, selon les villes ; et vous avez entendu l'auditeur qui a précédé notre dialogue "On ne peut pas faire confiance à un Parti qui s'allie tantôt ici, tantôt là."
François Bayrou : La nouveauté -ce que nous apportons ou voulons ouvrir pour la Politique française- c'est l'idée qu'on peut, en effet, travailler avec des Républicains qu'ils soient au Parti Socialiste ou à l'UMP comme chacun d'entre nous le fait dans sa vie de tous les jours et comme beaucoup d'élus le font dans les communes françaises.
C'est neuf. Et quelquefois, c'est trop neuf, on a du mal à se faire comprendre !
Quand c'est neuf, il faut, en effet, expliquer et non seulement expliquer mais ouvrir les portes.
Et vous croyez que vous serez compris ?
Je veux seulement dire que j'ai appris par la radio qu'il y avait eu une alliance, la seule que je n'accepte pas, c'est à Aubagne parce que l'alliance avec un maire communiste sortant (même si c'est quelqu'un sans doute de sympathique, je ne sais pas, je ne le connais pas, je ne l'ai jamais rencontré).
C'est sans doute un Républicain, François Bayrou !
Mais ceci n'est pas dans le cadre ...
C'est parce qu'il est Communiste ?
Oui. Ceci n'est pas dans le cadre.
Ah bon ! Parce qu'il est Communiste, ce n'est pas bien !
Ceci n'est pas dans le cadre de la vision qui est la nôtre. Nous considérons qu'il faut avoir un minimum de repères communs ou un patrimoine de repères communs, et ce patrimoine de repères communs ... évidemment, le Parti Communiste pour l'instant, il évoluera peut-être dans le temps ... n'entre pas dans ce patrimoine de repères communs.
Je voudrais vous faire remarquer, François Bayrou, que par exemple à Lille, il y a des candidats du MoDem qui sont sur la liste de Martine Aubry, à côté de candidats communistes.
Oui, il y a côté d'eux, il y a des Verts et c'est des gens que je respecte. Il y a, comme vous le savez, beaucoup de Socialistes sur des listes UMP. Beaucoup d'UMP sur les listes socialistes, on a vu ça pendant toute la campagne électorale.
Pour moi, les choses sont claires.
Il faut que les têtes de liste appartiennent au courant républicain démocratique français. Et le courant démocratique français républicain, c'est du Parti Socialiste jusqu'à l'UMP, comme ça se passe dans la plupart des communes françaises.
Donc, vous désavouez ce matin sur RTL l'alliance à Aubagne.
Donc, je ne donnerai pas d'investiture à Aubagne parce que ça, évidemment, ça ne serait pas dans la logique et la cohérence de la vision qui est la nôtre.
Pour le reste, je considère qu'on peut et qu'on doit travailler avec des équipes ou des maires qui appartiennent à cet arc républicain français qui est souvent coupé en deux, et on considère qu'on ne peut pas serrer la main des gens qui sont de l'autre côté. Moi, en tout cas, je pense qu'il va falloir les rassembler.
Déclaration de François Fillon, hier : on a tendu la main à François Bayrou. Il n'a pas voulu la prendre.
Pourquoi avez-vous refusé la main tendue, François Bayrou ?
Ah, je n'ai pas reçu la main tendue. Ce que voulait l'UMP, c'était un accord global sur toutes les villes de France qui aurait fait du Mouvement Démocrate, de nouveau l'allié exclusif de l'UMP. Et je pense que ceci n'aurait pas été dans la ligne, dans la clarté et dans la cohérence qui est la nôtre parce que ça aurait voulu dire que nous revenons dans le camp contre camp. Et le camp contre camp, pour moi, notamment dans la vie locale, c'est une anomalie, une malédiction, enfin quelque chose qui fait qu'on ne peut pas avancer comme on devrait pouvoir le faire. Pour moi, dans une commune, dans une ville, on devrait pouvoir associer les grands courants, les principales sensibilités de la ville pour les faire travailler ensemble, pour qu'elles puissent -ces grandes sensibilités- se saisir des problèmes qui sont ceux de la vie de tous les jours et les faire avancer.
Convenez-vous, François Bayrou, de l'affaiblissement du MoDem durant le premier tour de ces élections ?
Pas du tout. Partout, nous avons été candidat. On a réalisé une moyenne de 15 % des voix. C'est un très gros score pour un Parti en apparition, en naissance, en convergence. La preuve c'est que dans toutes les villes, les équipes différentes ont tout fait pour qu'on les rejoigne.
Alain Juppé se trompe donc quand il déclare dans Le Monde d'hier : "l'affaiblissement du MoDem n'est pas une surprise, vue l'hétérogénéité de son électorat et sa stratégie à géométrie politique variable". Alain Juppé se trompe ?
Alain Juppé que j'ai eu au téléphone, hier soir encore, je ne sais pas s'il a dit ça, je n'ai pas lu cet article. Mais en tout état de cause, il était très heureux, je crois, d'avoir le MoDem sur sa liste.
Pensez-vous que l'UMP souhaite votre défaite à Pau, François Bayrou ?
Ah, je pense qu'il y a beaucoup de gens qui souhaiteraient ma défaite à Pau.
Ma question : c'est l'UMP ?
Mais qu'à Pau, en tout cas, les électeurs sont des électeurs libres et qu'ils ont, eux, entre les mains la décision. Je ne crois pas que les mots d'ordre, qu'ils soient explicites ou implicites, jouent sur les électeurs de Pau. C'est une ville dans laquelle on aime beaucoup l'indépendance. On aime beaucoup la fierté, le caractère. C'est une ville qui résiste et qui aime les personnes qui résistent. Elle a, dans son histoire, beaucoup de traces de cet ordre.
Nicolas Sarkozy, hier à Toulon, après le second tour des élections municipales, "Je tiendrai compte naturellement de ce qu'aura exprimé le peuple français".
C'est bien ?
Il ne peut pas faire autrement.
C'est tout à fait normal que lorsqu'on a les responsabilités du Pouvoir, on tienne compte des messages. Je crois que Nicolas Sarkozy qui, sur ce point, a beaucoup hésité, a raison de dire qu'il tiendra compte des messages qui seront envoyés.
Il a eu raison de se mettre un peu en retrait pendant cette Campagne électorale ?
Oui, je pense qu'il a eu raison de se mettre un peu en retrait. Je pense qu'il a raison de réfléchir à la manière dont on peut reprendre les choses à l'avenir.
Il y aura un avenir pour le MoDem après les élections municipales ?
Il y aura un grand avenir parce que, comme vous le savez, c'est étonnant de voir à quel point parce que c'est une Formation qui a décidé d'être libre. Elle est aujourd'hui une offre politique nouvelle pour les Français. Alors elle a absolument besoin de reprendre, de se structurer et de préparer les combats qui viennent. C'est une formation politique qui va, je crois, changer l'approche politique en France.