Les caisses sont vides, vive l'emprunt !
Publié le 25/06/2009 - Modifié le 30/06/2009 N°1919 Le Point - Déficits - Romain Gubert
Un emprunt national, oui... mais pour quoi faire ?
Lancer un grand emprunt d’Etat pour faire face à la crise et doper l’économie ? « C’est absurde, l’Etat n’a pas de problèmes de liquidités. » C’était à la mi-octobre 2008. Devant quelques ministres triés sur le volet, Nicolas Sarkozy rejetait d’une phrase la folle idée de l’un de ses proches qui suggérait de recourir à l’épargne des Français pour financer un plan de relance. Et il enfonçait le clou : « vider les sicav des Français » allait « déstabiliser le système bancaire » . A l’époque, celui qui avait lancé cette idée, Bernard Accoyer , était rentré dans sa coquille. Sous les lazzi des ministres, il avait dû se faire tout petit. La roue tourne... Huit mois plus tard, le président de l’Assemblée nationale a le triomphe modeste. Tous les ministres sont à l’unisson : lancer un grand emprunt national, en voilà une chouette de bonne idée ! L’artisan de ce revirement s’appelle Henri Guaino. Cela fait trois mois que le conseiller élyséen plaide pour un grand emprunt national consacré aux seules dépenses d’investissement. Et tente de clouer le bec aux pères la ri-gueur du gouvernement, parmi lesquels François Fillon et Eric Woerth, au Budget. Il a réussi : Nicolas Sarkozy s’est laissé séduire par ses arguments. Et tant pis si le déficit budgétaire dépasse déjà 7 % du PIB et la dette publique 68 % du PIB, soit plus de 1 300 milliards d’euros (+ 15 milliards pour la seule année 2008) ! En clair : peu importe les déficits de l’Etat, il faut aller de l’avant. Et, pour y parvenir, Nicolas Sarkozy renoue avec la tradition. Celle d’un Etat qui s’est souvent tourné vers les Français pour l’aider à traverser une mauvaise passe. Quitte à faire une mauvaise affaire, comme ce fut le cas avec l’emprunt Balladur, qui, entre les manques à gagner pour le fisc et les commissions versées aux banques qui le commercialisaient, a en fin de compte coûté très cher aux caisses de l’Etat...
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