François Bayrou était l'invité de "Des paroles et des actes", la grande émission politique de France 2, jeudi 8 mars

Publié le par MODEM MARNE & CHANTEREINE - CHELLES

François Bayrou était l'invité de "Des paroles et des actes", la grande émission politique de France 2, jeudi 8 mars. Revivez les temps forts.

 


"Dans cette campagne, je préfère l'artisanat aux barnums"

François Bayrou a commenté les propos de Nicolas Sarkozy qui a affirmé vouloir se retirer de la politique s'il n'était pas réélu. "Il y a quelque chose d'un peu crépusculaire. On dirait qu'il prépare sa sortie." Pour le député des Pyrénées-Atlantiques, "la politique ce n'est pas une carrière, ce n'est pas comme un métier, c'est un engagement pour des valeurs et des idées" et ainsi "il n'envisage pas de retrait" car "on abandonne jamais ses idées".


Il a également dénoncé les meetings grandiloquents des autres candidats : " Je préfère mon côté artisanal aux barnums, je trouve ça pas mal. Mais cela ne m'empêche pas de vous donner rendez-vous au Zenith le 25 mars". À côté de cela, François Bayrou a dénoncé le manque des propositions et de réalisme des autres candidats : "Vous avez reçu Nicolas Sarkozy et François Hollande. Vous avez pointé qu'aucun des deux n'a parlé de la dette, comme si elle n'existait plus. Pourtant, la dette plombe la vie des gens".


"Nicolas Sarkozy et François Hollande ne sont pas les mêmes, mais ils ont beaucoup de ressemblances sur la forme", a-t-il expliqué en pointant le fait qu'ils "écartent les sujets de fond". "Dans une situation comme celle de la France le premier danger, c'est la division et le second c'est l'illusion. Si vous n'êtes pas capable de former la lucidité d'un peuple, les problèmes reviendront", a-t-il averti.


Le candidat à la présidence de la République a dénoncé l'habituel affrontement droite contre gauche. "C'est parce qu'on est enfermés dans ces débats artificiels qu'on rencontre tous les problèmes du pays ! Seulement, maintenant on a plus le temps !", a-t-il affirmé. "Les Français ont prouvé à chaque élection qu'ils sortaient à chaque fois des cadres dans lesquels on veut les enfermer", a-t-il pointé. "Il n'y a rien de plus stupide que de penser qu'à un problème donné il n'y a que deux réponses et ce n'est pas parce qu'on est pas d'accord sur certains points qu'on ne peut pas travailler ensemble", a-t-il noté avant d'affirmer : "l'affrontement entre la droite et la gauche c'est de la stupidité".

"Je prône des économies liées à une stratégie nationale de retour à la production"

François Bayrou a listé les niches fiscales qu'il supprimera s'il est élu. Il a annoncé qu'il supprimerait "la défiscalisation des heures supplémentaires", instaurée en 2007 à l'initiative de Nicolas Sarkozy. Le candidat à la présidence de la République a chiffré à 1,8 milliard d'euros le gain de cette mesure pour les finances de l'État. "La défiscalisation des heures supplémentaires, c'est le fait que le revenu qui vient des heures supplémentaires est exonéré d'impôt alors que le revenu qui vient d'une entreprise qui ne fait pas d'heures supplémentaires est soumis à l'impôt : ce n'est pas juste", a-t-il dit.

Autre exemple : la suppression de "la niche Copé", qui exonère d'impôt les plus-values réalisées par une entreprise lors de la vente d'une filiale, qu'il a chiffrée à 6 milliards d'euros. Il s'est aussi prononcé pour la réduction "d'une niche très peu identifiée", la déductibilité des emprunts en cas de LBO (Leverage Buy Out, rachat d'une entreprise à crédit par l'endettement). Ces trois mesures rapporteraient "une petite dizaine de milliards d'euros". "J'y ajoute 15 % de réduction des autres niches fiscales. Un effort important qui contribuera à hauteur de 10 milliards d'euros aux 70 milliards d'économies nécessaires au rééquilibrage de nos finances publiques", a-t-il annoncé. Le candidat à la présidence de la République a rappelé le rapport récent de la Cour des comptes qui appuie ses propositions. "La Cour des comptes a appuyé mon idée de ne pas augmenter les dépenses par rapport à 2012 pour réduire le déficit", a-t-il rappelé, "la réduction du déficit est acquise au moment même où l’on décide de ne pas augmenter les dépenses pendant 2 ans".


François Bayrou pense également que des économies peuvent être faites, notamment sur le sujet de la santé, par une meilleure organisation et sans réduire la qualité des services. "Il est par exemple possible de mettre en place à l'entrée des urgences un sas qui fera le tri entre les vraies urgences et les problèmes qui peuvent être traités par la médecine de ville", a-t-il proposé, "on aura une baisse considérable du prix des urgences grâce à cet aiguillage qui baissera automatiquement les coûts de la santé sans en changer le service". Pour lui, "non seulement on trouvera 20 milliards grâce à une meilleure organisation, mais on rendra un meilleur service au pays".


Abordant le sujet du non-remplacement des fonctionnaires partant à la retraite, François Bayrou estime que cela "n'est pas une bonne idée". "On ne peut pas couper comme cela dans les postes à l'aveugle. Je propose le non-remplacement d'un fonctionnaire sur trois partant à la retraite, tout en sanctuarisant des ministères comme celui de l'Éducation nationale", a-t-il expliqué, "il y a aussi des besoins dans le domaine de la justice.". Pour prévenir le déficit, le député des Pyrénées-Atlantiques propose aussi l'adoption de la règle d'or. "Je ferai établir l'interdiction de faire des déficits abusifs, c'est-à-dire emprunter pour financer des dépenses de fonctionnement. Je ferai adopter la règle d'or", a-t-il annoncé tout en précisant cependant qu'il ne souhaitait pas pour autant geler le salaire des fonctionnaires, "On ne veut pas geler le salaire des fonctionnaires. Nous ne voulons pas couper le moteur".


Concernant la politique européenne, le candidat à la présidence de la République "propose un président de l'Europe, élu au suffrage universel par tous les citoyens européens". Il propose également une surveillance mutuelle des budgets des pays de la zone euro afin de réduire les risques par une commission des finances européenne, il a également précisé qu'il était contre l’idée d’un ministre des finances au niveau européen : "Cela n'est pas un transfert de souveraineté. Il s'agit d'un souci de transparence. Il s'agit de faire en sorte que chacun, chez soi, fasse ses budgets en respectant les règles communes. Tous ensemble, il faut que nous assumions notre part de la discipline européenne".

Enfin, sur le redressement de la production française, son cheval de bataille, François Bayrou a plaidé pour le retour "à une stratégie nationale de production", citant en exemple la réussite d'Airbus. "Il faut reconstruire un commissariat au plan que j'ai appelé commissariat aux stratégies", a-t-il lancé, "de plus, il faut défendre l'image de marque des produits français". Le député des Pyrénées Atlantiques a en revanche dit "ne pas croire que la France avait un problème de coût du travail". "Je pense même que le travail est sous-payé en France, qu’il n’est pas payé à son vrai cout.", a-t-il lancé.


"Si vous n'aidez pas les pays d'où vient l'immigration à se développer, alors vous ne réduirez pas l'immigration"


Le député des Pyrénées-Atlantiques pense que l'immigration doit être vue comme un atout. "Il y a bien sûr trop d'immigration clandestine. Mais nous n'avons pas assez d'immigrés qui créent de l'emploi, pas assez d'immigrés qui innovent, pas assez d'immigrés qui viennent faire de la recherche", a-t-il décrit. François Bayrou a également affirmé que l'aide au développement des pays d'où vient l'immigration est la condition sine qua non à sa réduction : "Il y a également la question de la 'misère du monde'. Si vous n'arrivez pas à développer les pays d'où viennent les immigrés, alors vous ne réduirez pas l'immigration", a-t-il analysé.


Sur le sujet de l'euthanasie, François Bayrou a affirmé que la législation actuelle était satisfaisante, mais mal appliquée. "Nous avons voté la loi Léonetti. Cette loi admirable, qui a été bien faite pour une fois, n'est pas appliquée alors qu'elle répond à toutes ces questions", a-t-il affirmé. "Cette loi dit que lorsqu'on sait qu'il y a plus d'espoir, on vous demande votre avis et on en tient compte, et si vous êtes inconscient on demande l’avis de vos proches et on en tient compte. L'acharnement thérapeutique peut être ainsi évité". "Je ne connais pas de loi plus équilibrée et plus intelligente", a-t-il déclaré.


Sur le sujet de l'éducation, François Bayrou n'écarte pas la proposition de l'apprentissage. "L'apprentissage peut être en effet une réponse pour certains jeunes, à condition qu'elle soit voulue et choisie par les élèves. Cependant, cela ne doit pas aller vers une exclusion du parcours scolaire", a-t-il prévenu. Pour le député des Pyrénées Atlantiques, les créations de postes annoncées par d'autres candidats ne resteront que promesse. "Personne ne créera les 60.000 postes d'enseignants. C'est une manière de tromper les Français. "Affirmer que François Hollande ne dise pas la vérité sur ce sujet, c'est le minimum que l'on puisse dire", a-t-il dénoncé. François Bayrou propose quant à lui d'autres solutions pour améliorer la qualité de l'enseignement en France : "Nous devons notamment lutter contre la violence à l'école. Il y a un moyen simple, c'est de faire en sorte que les enfants apprennent la langue, c'est-à-dire le dialogue et l'expression personnelle. Je préconise que 50 % du temps scolaire en primaire soit consacré à l'apprentissage du français", a-t-il souligné. "Quand un élève ne maîtrise pas la langue, il ne peut pas se faire entendre, ni faire comprendre ce qu'il ressent. Il fait parfois usage de la violence pour exister". Il a également dénoncé le circuit dans lequel sont engagés les élèves à problèmes. "Aujourd’hui, lorsqu’un élève déstabilise la classe, on le met dans un autre établissement ; le manège tourne, des enfants mettent le bazar, n’arrivent pas à suivre et on recommence. Il faut créer des formations spéciales, comme cette idée du collège 'hors les murs' avec des maîtres qui seraient volontaires pour faire cela", a-t-il préconisé.

Publié dans FRANCOIS BAYROU

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