Vidéosurveillance et espaces publics. État des lieux des évaluations menées en France et à l’étranger

Publié le par MODEM MARNE & CHANTEREINE - CHELLES

IAURIF

Principalement utilisées jusqu'ici dans des espaces privés (banques, résidences privées, centres commerciaux), les caméras de surveillance le sont aujourd'hui aussi dans nombre d'espaces publics ou à usage public. En France, portée par un marché de la sécurité florissant et valorisée par des politiques d'État, cette technologie s'est imposée comme un moyen incontournable aux yeux des maires pour assurer la sécurité dans leur ville (rues, places publiques, squares). Et pourtant, aucune étude évaluative de la vidéosurveillance dans l'espace public n'a été conduite permettant d'en mesurer les capacités préventives et/ou répressives (identifier et améliorer le travail d'élucidation des services de police). On peut d'autant plus légitimement regretter l'absence d'évaluation française, comme la faible diffusion des études conduites ailleurs notamment outre Manche, que cet outil est financièrement coûteux et qu'il n'est pas sans risques pour les libertés individuelles. Cette étude montre d'ailleurs comment l'essor rapide de la vidéosurveillance rend obsolète le cadre juridique qui encadre depuis 1995 les usages de la vidéosurveillance et présente les récentes propositions formulées pour renforcer la protection des libertés individuelles.

S'appuyant sur les travaux évaluatifs réalisés à l'étranger, dont les méthodes d'analyse et les principaux résultats sont succinctement analysés, cette étude dégage plusieurs enseignements. L'efficacité dissuasive de la vidéosurveillance est très variable selon le type d'espace et le type de faits. Elle n'a notamment aucun impact sur les délits impulsifs et ceux commis par des personnes sous l'emprise de drogues. Elle dissuade peu les délinquants qui adoptent des mécanismes de dissimulation et des stratégies d'adaptation à l'outil. La faible efficacité dissuasive de l'outil tend d'ailleurs, de plus en plus, à le transformer en un outil de police judiciaire voire en "une machine à tout faire" qui nuit à son efficacité.
 
Cette étude apporte ainsi un éclairage sur les effets préventifs et répressifs d'une technologie dont, en France, on sait aujourd'hui peu de choses.

Publié dans REVUES DE PRESSE

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