Remaniement ministériel : les pistes de Sarkozy

Publié le par Le.vent.qui.souffle.sur.Chelles

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Bruno Jeudy - 14/12/2007 | Mise à jour : 21:14 |

ATTALI.jpgLe chef de l’État pense toujours à l’ouverture, à gauche et au MoDem, et envisage des «ministres en mission».

 

Remaniera-t-il son gouvernement avant ou après les élections municipales du printemps ? Nicolas Sarkozy, qui ne veut rien faire comme ses prédécesseurs, a longtemps rêvé d’un remaniement annoncé en janvier, en pleine période de vœux. Histoire de surprendre, une fois encore, le microcosme politique. Et surtout déstabiliser la gauche et le MoDem à la veille des municipales qui s’annoncent difficiles pour l’UMP. Une campagne des municipales dans laquelle il compte ne pas rester «inerte» : on le verra, bientôt, au côté de Rachida Dati dans le VIIe. Le président a, en tout cas, ouvertement évoqué l’hypothèse de ce remaniement avec plusieurs de ses visiteurs, ce qui a immédiatement jeté un froid dans les rangs des ministres. Cette semaine, dans Le Nouvel Observateur, il a confirmé son intention, mais s’est bien gardé de préciser l’échéance.

 

Les faits sont têtus, et ces derniers jours, il semble bien qu’il ait intégré l’idée de repousser, au moins «provisoirement», la constitution de son troisième gouvernement depuis son élection. Plusieurs raisons le conduisent à différer. D’abord, la phase II de l’ouverture n’est pas prête. «Il n’a pas trouvé le gros poisson socialiste capable de semer le bazar au PS» , confie un conseiller. Du coup, ce sont toujours les mêmes noms qui reviennent : Claude Allègre, Jacques Attali, Jack Lang et même Max Gallo. Si l’UMP récuse Lang, les noms d’Attali (très tenté par la Justice) et celui du jospiniste Allègre passent mieux. Mais Sarkozy ne se résigne pas à «retourner» uniquement de vieux mitterrandistes, il rêve toujours de quadras socialistes. La piste Julien Dray n’est pas abandonnée. Le président veut aussi «continuer l’ouverture» . «Plus que jamais, et pas seulement à gauche» , dit-il dans Le Nouvel Obs . Première cible, le MoDem : il a déjà sur ses fiches les noms du sénateur du Rhône Michel Mercier, un proche de François Bayrou, et celui de Jean-Marie Cavada, qui a rallié Françoise de Panafieu à Paris.

 

Quel que soit le moment du remaniement, l’identité du premier ministre ne changera pas. «Je l’ai dit à Nicolas, vous ne trouverez pas mieux que Fillon», explique Édouard Balladur. «Fillon est diaphane, mais il est commode pour Sarkozy», constate un membre du gouvernement. Conforté, François Fillon a plaidé auprès du président l’idée d’un remaniement de plus grande ampleur – «un fusil à un coup» répète-t-il – après les municipales. À l’Élysée, Claude Guéant ne dit pas autre chose : « Remanier, on n’en est pas à cette étape.»

 

Quels sont les ministres qui partiront et ceux qui resteront ? Évidemment, à ce petit jeu-là, le président et son premier ministre ont réussi (c’était évidemment le but) à mettre sous tension tout le gouvernement. «À part Borloo, les deux Xavier (Bertrand et Darcos), Rachida et l’ami Brice, tout le monde est en danger», résume un secrétaire d’État. Plusieurs, selon certaines sources, semblent plus en danger que d’autres : Hervé Morin (Défense), Christine Albanel (Culture), Christine Boutin (Logement), Christian Estrosi (Outre-Mer), voire Nathalie Kosciusko-Morizet (Écologie) ou Hervé Novelli (Commerce extérieur). Dans ce drôle de climat, les ministres sont très attentifs aux marques d’attention pendant les séances hebdomadaires du Conseil des ministres. La semaine dernière, Sarkozy a donné la parole à son ministre de l’Intérieur en l’appelant « Michèle ». Avant, il avait lâché un sonore « mon Roger » en parlant de Karoutchi, le secrétaire d’État aux Relations avec le Parlement. De quoi ravir les intéressés et… inquiéter les autres.

 

 

Adaptation constitutionnelle
 

La liste des futurs ministres reste ouverte. L’Élysée et Matignon continuent d’ausculter le travail parlementaire pour repérer les « meilleurs ». Quelques jeunes élus ont marqué des points (Bruno Le Maire, Frédéric Lefebvre, Benoist Apparu, Valérie Rosso-Debord). Sans compter des élus plus confirmés : Yves Jégo, Laurent Hénart, Nadine Morano ou encore Jérôme Chartier.

 

Parmi eux figurent sans doute les futurs « ministres missionnaires » dont Claude Guéant a évoqué la création, en s’inspirant des parlementaires en mission. Cette nouveauté permettrait, selon le bras droit de Sarkozy, d’effectuer une mission temporaire à la fin de laquelle le titulaire de ce CDD retrouverait automatiquement son mandat. Thierry Solère, secrétaire national à l’UMP (voir ci-dessous), pourrait ainsi être ce premier «ministre missionnaire» en charge de l’économie numérique. Pour les parlementaires, cela nécessitera une adaptation constitutionnelle touchant au rôle des suppléants, qui devrait figurer dans le projet de réforme des institutions, qui sera soumis au Parlement au mois de février. L’idée évoquée par Claude Guéant laisse sceptique Matignon. «Ministre en mission, ça ne veut rien dire », dit-on dans l’entourage de Fillon, qui évoque un «gadget» sans administration ni budget. Cruel et un brin grivois, un député très proche de Sarkozy ironise : «Missionnaire, c ’est une position très classique mais ce n’est pas la plus désagréable.»


Publié dans REVUES DE PRESSE

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